Cimier Yoruba "Egun" / Nigéria

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Mangbetu Atypique D 1/2 C Ivoire

Fiche technique

  • Taille
    Largeur de tête : 22 cm au plus large. 
  • Hauteur :
     49 cm.
  • Poids : 
    747 grammes.
  • Matériaux : 
    Cuivre massif et ivoire.
  • Pays : 
    République Démocratique du Congo.
  • Peuple :
    Congolais.
  • Ethnies : 
    Mangbetu.
  • Période estimée : 
    Années 1800-1870
  • Autres informations :
    Salle des vente de Bordeaux,
    S.W Baratoux.
    Collection Mémoire-africaine.
  • Réf. littéraires : 
    Beauty in Blade ills. 8.
    Ivory Sculpture In Congo vol 8 p 92 et 173.
    Ijzerwerk van centraal-afrika H Westerdijk p 86.

Synopsis

Voici un extrait un peu remanié des écrits de Georges Schweinfurth.
Au cœur de l’Afrique.

Pourquoi ce passage?
Parce qu’ à mon sens, si le lecteur se concentre bien sur cette lecture, il doit ressentir un peu l’ambiance, la grandeur, la crainte et la folie du momment vécu.
De plus, cela concerne les Mangbetu et leurs armes, devrais-je dire leur quantité d’armes, décrites de visu ! Et pour finir on y devine une hiérarchie importante avec tout ce que cela comprend.

« Le 22 mars 1870 fut le jour mémorable de ma présentation, ce ne fut pas sans impatience que j’attendis le moment où je serais appelé devant le roi.
Il était plus de midi lorsque l’on vint me dire que tout était prêt et que je pouvais me mettre en marche.
Je m’étais revêtu pour la circonstance du solennel habit noir et j’avais pris mes chaussures de montagne, grandes et lourdes bottes lacées, qui donnaient quelque poids à mon léger personnage.
Chaîne et montre avaient été mises de côté afin de n’avoir sur moi aucun ornement de métal.
Je partis et cheminai le plus gravement possible, accompagné de trois officiers noirs, chargés de mes armes, carabines et révolvers et suivi d’un quatrième portant ma chaise de canne.

Venaient ensuite mes Nubiens, vêtus de leurs habits de fête d’une blancheur immaculée, saisis d’une crainte respectueuse qui les frappait de mutisme et tenant à la main les présents que j’apportais de si loin au roi des Mombouttous.
Il nous fallut une demi-heure pour nous rendre au palais. A notre approche les tambours et les trompes firent vacarme et la foule, se pressant pour nous voir, ne nous laissa qu’un étroit passage.
Nous nous dirigeâmes vers un immense édifice, ouvert aux deux extrémités.
Sur le seuil m’attendait l’un des dignitaires de la cour, qui devait remplir les fonctions de maître des cérémonies, car je le vis plus tard présider aux divertissements.
Ce notable me prit par la main et me conduisit en silence dans l’intérieur de la salle.
Je trouvai là des centaines de hauts personnages, placés comme pour un concert et d’après le rang qu’ils avaient dans l’Etat.
Chacun d’eux, en grande tenue, c’est-à-dire en armes, occupait un siège à lui qu’il avait fait apporter.
La plupart de mes gens avaient des fusils; toutefois, ne s’étant jamais vus face à face avec un pareil potentat, ils semblaient fort peu à l’aise et avouèrent plus tard qu’ils n’avaient pu s’empêcher
de trembler en pensant que Mounza n’aurait eu qu’un signe à faire pour qu’on nous mît à la broche.
Une couche d’argile rouge, aussi dure et aussi unie que l’asphalte, constituait le parquet.
De chaque côté s’élevait une muraille à hauteur d’appui, laissant entre elle et la toiture, qui descendait fort bas, un espace assez large pour permettre à l’air et la lumière de pénétrer librement.
Au-dehors une foule énorme, la vile multitude, se pressait contre le petit mur et jetait dans la salle des regards avides.

Un certain nombre de gardes usant largement de leur bâton mettaient un peu d’ordre parmi cette canaille.
J’étais plongé depuis une heure dans ma contemplation lorsque le bruit qui, jusque-là n’avait pas cessé, bruit de voix, tambours, trompes, redoubla tout à coup et me fit présumer que c’était le cortège royal.
Profonde erreur : Mouza n’avait pas fini sa toilette.
Seulement, près de l’entrée de la salle, du côté où je me trouvais, on enfonçait des pieux dans la terre; quand ils furent suffisamment solides, on attacha l’une à l’autre de grandes perches.
Cet échafaudage servit de carcasse à une panoplie composée de centaines de lances et de javelines en cuivre pur et de toutes les formes, de toutes les grandeurs.
L’éclat du rouge métal frappé par le soleil donna à ces rangées de lames étincelantes l’aspect de torches enflammées, dont l’ensemble constitua pour le trône un fond réellement splendide.
Ce déploiement de richesses d’une valeur incalculable, eu égard au pays, était vraiment royal et dépassait tout ce que j’aurais cru possible en ce genre.
Le roi a quitté sa demeure; gardes, hérauts d’armes, maréchaux du palais vont et viennent en courant.
Les masses du dehors se précipitent vers l’entrée; le silence est réclamé.
Des trompettes font vibrer leurs cornes d’ivoire; le cortège avance et, d’un pas ferme et allongé, ne regardant ni à droite ni à gauche, l’air sauvage mais pittoresque dans son attitude et dans sa mise, arrive le brun César, suivi d’une longue file d’épouses.
Sans même m’accorder un regard, il se jette sur son banc et reste immobile, les yeux fixés à terre.
Ma curiosité peut enfin se satisfaire.
Je regarde avidement l’extérieur fantastique de ce souverain qui, dit-on, fait sa nourriture de chair humaine.
Avec tout le cuivre dont ses bras, ses jambes, sa poitrine et sa tête sont décorés, il brille d’un éclat rouge solaire.
Tout ce qu’il porte est de fabrique indigène: aucun objet de provenance étrangère n’est jugé assez digne de parer le roi des Mombouttous.
Suivant la mode du pays, le chignon royal est surmonté d’un bonnet cylindrique s’élevant d’environ 46 cm au-dessus de la tête.
Ce bonnet est fait d’un tissu de roseau très serré, orné de trois rangs de plumes de perroquet d’un rouge vif et couronné d’une touffe du même plumage.
Une plaque de cuivre en forme de croissant est attachée sur le front, où elle se projette comme la visière d’un casque.
Tout le personnage est enduit d’une pommade qui donne à la peau, naturellement brune est luisante, la couleur du rouge antique des salles de Pompéi.
Le vêtement ne se distingue de celui des autres hommes que par la finesse exceptionnelle; il se compose d’un couple de morceaux d’écorce de figuier et entoure le corps de plis gracieux, formant à la fois culotte et gilet.
Des cordelières rondes en cuir de bœuf, fixées à la taille par un nœud
colossal et terminées par des grosses boules de cuivre, retiennent cette draperie qu’elles attachent solidement.
La matière de cet habit est préparée avec tant de soin qu’elle a tout à fait l’air de moire antique.
Autour du cou, le roi porte une rivière de lamelles de cuivre, taillées en pointe et ressemblant à des rayons.
Des spirales de cuivre enserrent les poignets et les chevilles du monarque; trois cercles brillants, ressemblant à de la corne, mais taillés dans une peau d’hippopotame et ornés de cuivre, lui entourent l’avant-bras et les jarrets.
Enfin, en guise de sceptre, Mounza tient de la main droite le cimeterre national, qui a la forme d’une faucille et qui, dans cette occasion, n’étant qu’une arme de luxe, est complètement en cuivre.
En fait un trumbach que l’on appelle également faucille ou trumbach décalé.
Tel m’apparut le souverain des Mombouttous.

 

Descriptif de l'objet

 

Cette faucille décalée est très rare, surtout avec sa poignée en ivoire, sa lame en cuivre rouge; cela nous indique une arme ou sceptre de chef suprême.
C’est une faucille décalée, du premier groupe avec les mêmes références, notamment la nervure centrale de la soie jusqu’au bout de la pointe.
C’est un modèle recherché par les collectionneurs, on la nomment mambélé, nambélé, dupa ou trumbash.

L’axe du corps est dans le même axe que la poignée avec une belle nervure centrale relativement large.
Au sommet de cette partie, se trouve un ergot long et presque cylindrique remontant sur l’extérieur arrière droit de cette base de lame avec une petite perforation ronde en dessous.
A ce niveau, décalée et excentrée complétement du corps par un renfort plus important, la lame prend sa forme en courbe longue est très prononcée vers l’extérieur.
Le décalage de la lame à sa base nous donne quasiment la même distance que la hauteur du corps (environ 9 cm), avec une fine excroissance en pointe dans l’angle bas extérieur.
Cette lame de forge torturée nous donnent de belles traces d’amalgames du cuivre et une belle série de martelages, elle est perforée de cinq trous de dimensions différentes de part et d’autre du renfort axial.
La base de la soie n’est pas très large, elle est de forme plate pour pénétrer et traverser la poignée, puis se replier en bout.
La poignée en ivoire est de couleur claire écrue marbrée de taches et présente une patine ancienne de manutention avec quelques fentes longitudinales de dessiccation.
Le bas de cette poignée se termine par une partie cylindrique importante en épaulement et est entièrement traversée par la soie.
 
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