L’art Baoulé – L’or et les ancêtres  

 
Umien, les esprits des ancêtres, sont une donnée omniprésente dans le monde baoulé, ainsi que ceux d’Asié, la terre et nyamien, le firmament.

Les deux formes d’art associées aux ancêtres sont les tabourets ou les chaises et les objets en or.
On les contacte « comme personnes à qui on va offrir un présent » au moyen de sacrifices et d’invocations adressés principalement à leurs tabourets.

Les ancêtres out le pouvoir de nuire ou d’aider leurs descendants selon la lignée maternelle aussi bien que  paternelle, les ancêtres du côté maternel étant cependant plus importants.
En particulier, les umien peuvent favoriser les naissances, mais si on les néglige ils retireront leur protection, permettant à d’autres forces de frapper leurs descendants, même jusqu’à entraîner leur mort.

Des ornements en or massif, des objets en bois dorés à la feuille d’or et des sachets de pépites d’or brutes ou de poussière d’or sont enveloppés dans des paquets, cachés à l’intérieur de pots et valises, et conservés dans l’héritage sacré de la famille appelée aja.

On dit que la tradition de cet héritage est sortie de la terre avec les  Mamla, les Baoulé des origines.
Le aja est inaliénable et indivisible, et ne compte pas seulement de l’or mais aussi de l’argent, des vêtements et les tabourets des ancêtres de la famille.
Le aja, constitué des tabourets des ancêtres et d’une accumulation de valises, paniers, symbolise l’unité et l’identité de la famille et il est entouré de dangers et d’interdictions.
À aucun moment, il n’y eut la moindre possibilité qu’un paquet ou un carton puisse être ouvert pour être examiné ou photographié.

Ni les conteneurs ni leur contenu ne peuvent être modifiés par les générations qui se succèdent, et les paquets d’or ne doivent être ni échangés, mélangés, ouverts pour inspection, ni manipulés d’une manière ou d’une autre, puisque chacun d’entre eux est censé représenter un ancêtre précis, et que toute mauvaise manipulation de l’or est considérée comme une offense à cet ancêtre.
C’est la représentation matérielle de « l’âme » de la famille (de la même manière que le tabouret en or des Ashanti était pensé comme l’âme de la tribu). 

« Texte édifié à partir de L’art Baoulé du visible et de l’invisible » de Susan M. Vogel.