Reliquaire ou « tolo »

On se doute qu’avec de telles connotations ce mot suscite des sentiments mélangés de confiance et de méfiance.
Le tolo est un objet placé à proximité immédiate de la maison de son détenteur, sous un auvent, une case désaffectée ou sous un arbre.
Il n’est pas particulièrement protégé contre les poules ou les chèvres ni, à plus forte raison, contre les insectes ou la rouille.

Il peut se présenter sous divers aspects qui permettent d’apprécier les étapes d’une évolution qui n’est pas terminée.
Dans le cas le plus traditionnel, le tolo consiste en une boîte cylindrique (ngu tolo), en écorce cousue, d’une trentaine de centimètres de diamètre sur quarante à cinquante de haut, dressée sur une base.
Un couvercle emboîtant, de même matériau, coulisse le long d’une cordelette servant de poignée et permettant de la suspendre.
Cette boite, véritable reliquaire, est confectionnée par un homme de la famille, selon le modèle classique ou bien achetée sur commande à un voisin.
Ce peut être, parfois, un sac rectangulaire à rabat, de grande dimension, fait en cuir vert de chèvre ou d’antilope.
Quelle que soit sa forme, sa destination est la même et toujours il contient des objets hétéroclites : morceaux de ferraille, plumes de poulets,épis de maïs ou de sésame, etc..
En réalité ces objets sont d’origines diverses, comme ceux ayant appartenu aux ancêtres tels ongles, cheveux, os de doigts.

Autrefois, on y mettait le pouce et le majeur de la main et du pied droit.
La capacité du récipient est suffisante pour avoir pu contenir, dans les temps plus anciens, d’autres pièces importantes de l’ancêtre – nous pensons plus spécialement aux crânes – mais nous n’avons pu obtenir confirmation.

Maintenant, on se contente d’y mettre des choses durables, en particulier celles comportant du métal : Couteau avec sa gaine, fer de sagaie, bracelets.
Les moisissures des insectes divers n’en laissent en quelques années que des objets rouillés.
Le reste du contenu du ngu tolo est un résumé des offrandes ou des sacrifices dédiés aux ancêtres en diverses occasions : graines isolées jetées là avant les semailles, épis provenant des prémices, plumes de poulet, caillots ou gouttes de sang de chèvres ou de cabris, toutes choses éminemment périssables et qui contribuent à la dégradation des autres reliques.

                                    Danseur de la Mobaye. Yakoma, Sango.