Les Nzakara et leurs ancêtres

Les invocations et prières des Nzakara à leurs mânes traduisent assez clairement qu’ils envisagent les relations des vivants avec leurs ascendants plus comme celles de sujets avec des chefs redoutés que comme des descendants avec leurs pères.

Les généalogies, dans le culte religieux, semblent être affectées d’une transformation des relations affectives parentales.
Le contenu biologique et physiologique de ces liens n’est pas ressenti comme tel mais comme le support de la structure sociale où sont indissociables : famille-lignage-clan.

Héros d’une prospérité passée, réelle ou projetée, les ancêtres Nzakara se manifestent essentiellement à leurs descendants par des châtiments.
Dans un pays où tant de femmes sont stériles, où le nombre des vieux domine, où le nombre des infirmes et des invalides a été évalué en 1956 à 10%, les sorts et les événements dits néfastes surpassent de beaucoup les autres, heureux.
Les ancêtres châtient, mais ils châtient mal : ils les exterminent.
Les Nzakara sont enfermés dans cette impasse tragique et ils en ont une certaine conscience.
Leurs religion est une forme de résistance à un mal dont les remèdes leur échappent.
Si comme le dit R.P. Tempels, « l’être est une force qui recherche un accroissement de force dans celle des ancêtres », comment sa philosophie supportera-t-elle la régression démographique alors que l’élément fécondité apparaît comme la clé de voûte du système?