Cimier Yoruba "Egun" / Nigéria

Vous êtes le

ème visiteur

Cimier Yoruba "Egun" / Nigéria

Sceptre Ga’anda du Nigéria

Les Mangbetu et leurs extraordinaires faucilles

 

 

Ils arrivèrent dans les régions qu’ils peuplent aujourd’hui au milieu du XVIIème siècle.
Certains se sont unis à des populations bantoues et pygmées du groupe Mbuti.

Dès lors, ils établirent leur domination sur la région.
Au début du XIX ème siècle, le royaume mangbetu fut bâti par son fondateur Nabiembali dont le règne particulièrement long aurait duré de 1815 à 1860.
Nabiembali était un fin limier, il établit une règle politique et familiale, afin de faciliter l’assimilation des peuples vaincus : il laissait le chef en place mais épousait aussitôt une fille de sa famille.
Les fils nés de ces unions (il en eut plus de soixante) étaient élevés auprès du roi selon les us et coutumes Mangbetu, y compris la langue.
Ils étaient destinés à prendre la tête du clan dont leurs mères étaient originaires.

Suite à la mort de Nabiembali et des querelles de succession, cette époque brillante prit fin rapidement par l’action des Arabes négriers et des Mahdistes révoltés.
L’occupation coloniale fit le reste.

Le prestige de la dynastie de Nabiembali lui survivra partout, et l’influence mangbetu continuera de s’affirmer dans les mœurs et les arts.
En 1869, l’explorateur allemand Schweinfurth, décrivant la cour de Bunza, petit-fils de Nabiembali, à Nangazizi, admirera par-dessus tout les bâtiments du palais atteignant des dimensions exceptionnelles : 50 mètres de longueur, 20 mètres de largeur, 16 mètres de hauteur.
Les Mangbetu étaient particulièrement renommés pour leur art de bâtir et leur habileté à forger.

Le royaume vivait du commerce, en particulier de l’ivoire ainsi que de l’agriculture.
Le royaume connut son apogée dans les années 1870, sous le roi Mbunza, qui chassa les Arabes conquérants venus du Soudan, sous le chef Mohamed Abdou, qui imposèrent leur autorité pendant quelques années.
Les Mangbetu étaient sans arrêt en conflit avec les Nyam Nyam, Azandé, Zandé d’origine soudanaise.
À la fin du XIXe siècle, les colons européens arrivent dans la région et passent le royaume sous la domination des Belges, c’est la fin du royaume mangbetu.
De leur histoire, il subsiste aujourd’hui une langue et une culture unifiées, sauf au nord ou les Zandé on dominé.
Les Mangbetu peuvent être admirés pour leurs arts, ce sont les grands artistes du Zaïre septentrional.
Mais le chef-d’œuvre de l’art Mangbetu est le Mangbetu lui même, pour moi la plus belle race d’Afrique centrale, les femmes ont eu leurs profils immortalisés par les photographies.

Profils qui ne sont pas sans rappeler le faciès des filles d’Aménophis IV avec cette coiffure en fibre de forme circulaire et piqué d’os de singe ou d’épingles en ivoire.

 

Merytaton-fille d’Amenophis

Les Mangbetu

La mythique faucille Mangbetu

Tout d’abord, il faut considérer trois groupes principaux auxquels je vais en rajouter un – deux exclusivement chez les Mangbetu -, cinq en tout , si on place les pièces atypiques comme les « décalés » dont nous parlerons un peu plus loin.

  • Le premier type possède une nervure centrale en relief, dans la continuité de la soie jusque dans l’extrême pointe du haut.
    Parfois cette nervure ne va pas jusqu’en haut, elle peut s’arrêter en cours à n’importe quel niveau mais elle est toujours présente sur la base.
    La base de la soie qui forme la nervure monte jusqu’au bas de la lame qui, en général, est plus haute sur sa partie arrière.
    À partir de là elle forme une courbe très prononcée projetant sa pointe vers l’avant, en redescendant légèrement.
    Cette lame possède toujours des perforations rondes, pas forcément du même diamètre et au nombre courant de une à cinq, mais cela peut aller à plus d’une quinzaine.
    Les excroissances de part et d’autre, en bas de la lame, sont typiques des forgerons Mangbetu.
    Les poignées sont classiques pour ces modèles avec leur gros épaulement en bas.
    Un corps cylindrique légèrement bombé beaucoup plus fin est surmonté par une partie
    parfois de forme elliptique ou resserrée au milieu.
    Elles peuvent être en bois mais aussi en ivoire.

 

Conclusion pour ce premier type :

S’il n’y a pas de nervure, ou pas d’excroissance en bas de lame ou pas de perforation de lame, ce ne sont pas des couteaux Mangbetu!
Ces couteaux faucille ont subi une grande interaction avec les forgerons de la région et ont été largement dispersés parmi les peuples voisins.
De plus ils ont souvent été imités, notamment par les Momvu, Budu, Makéré, Popoï, Mangbele, Barambo, Bandia, Topoké, Meje, Lése etc…
Cependant on peut distinguer des méthodes de forge propre à certaines ethnies comme les Budu, les Meje, les Momvu malgré une influence Mangbetu et vice-versa.

 

Couteau faucille Mangbetu 1er type

  • Le deuxième type des forgerons Mangbetu est une arme avec une poignée plus courte, plus solide et sans ce gros épaulement en bas.
    Elle est également très connue en ivoire et de forme anthropomorphe et dolichocéphale.
    La lame est plus compacte, elle s’élargit vers l’arrière avant de diriger sa pointe vers l’avant et elle comporte souvent des lignes de renforts.
    La pointe peut être descendante ou pratiquement droite et très pointue.
    La nervure de base  ne va plus jusqu’à la pointe, elle s’arrête à peu près au milieu, elle reste droite sans prendre la courbe.
    Les excroissances se sont transformées en cônes à facettes (ou sans) inversées, et sur les deux côtés de la lame.
    Cette lame est également perforée, le plus souvent entre une et cinq perforations.

 

Conclusion : Les plus anciennes lames de ce type sont de la même méthode de forge que le premier type, mais c’est avec ce deuxième type qu’un changement s’opère; notamment avec le fer ou acier d’importation européenne.
Les modèles les moins anciens sont plus épais, plus carrés dans le travail et la finition plus moderne.
Des traces de finitions laissent à penser à de l’usinage comme les faces de nervure et des cônes passés à la ponceuse, des angles trop parfaits et des perforations trop rondes.
On voit que ces  armes n’ont pas, ou pratiquement pas, servi.
Pour les plus anciennes elles peuvent être des armes de dignitaires, d’un statut social élevé.
Cependant, la plupart sont des armes faites pour les colons, en cadeaux, et même souvent commandées par les colons pour être ramenées au pays.

 

Couteau faucille Mangbetu 2ème type

  • Le troisième type des forgerons Mangbetu est une lame sans nervure du tout, plane recto-verso.
    Elle possède également des perforations sur l’axe central, le plus souvent au nombre de une ou deux.
    Le bas de cette lame au-dessus de la partie composant le corps de l’axe de soie est de base arrondie et donne la largeur de départ de la lame.
    La lame est trapue dans sa forme et le haut s’élargit un peu vers l’arrière et beaucoup sur l’avant formant une pointe en casquette très effilée. 
    L’axe épais entre la lame et la soie est doté d’excroissances généralement symétriques à la base des deux côtés.
    Ces excroissances en forme de cône sur la partie haute sont souvent doublées par une partie basse courbe plus fine, parfois il n’y en a qu’une d’un côté.
    Les poignées sont assez inégales en longueur, il en existe également en ivoire.
    Cette lame est certainement plus utilisée par les Mangbetu du sud, car elle est très copiée par les forgerons Budu du sud.

 

Conclusion : Ce troisième type présente un changement radical dans l’évolution de ces armes.
Personnellement je considère ce type comme une régression simpliste de l’art Mangbetu, hormis pour la base de la lame qui est travaillée différemment.
On peut y voir une nouvelle volonté des forgerons, ou un côté plus utilitaire que dignitaire.

 

Couteau faucille Mangbetu 3ème type

  • Le quatrième type présente une lame plate, comme le type trois, mais la base de la lame n’est pas symétrique en arrondi, elle est projetée sur le côté.
    La lame, en général large, présente à peine une surépaisseur de renfort.
    La tête part en arrière sur la partie haute et revient agressivement vers l’avant tout en étant assez trapue.
    Elles sont, à ma connaissance, toutes perforées de plusieurs trous, et massives.
    La poignée  en ivoire ( je n’en connais pas avec poignée en bois) est travaillée sur une base elliptique et cylindrique sur le bas.

 

Conclusion : C‘est une arme puissante, lourde et massive, forgé avec de l’acier d’exportation.

Je pense que c’est une arme de notable et peut-être créée pour les Européens.

 

Couteau faucille Mangbetu 4ème type

 

Voici donc les quatre types passés en revue, avec leurs caractéristiques propres, mais il existe une catégorie sortant du cadre de ces couteaux.
Une interaction entre les trois groupes, tout en restant Mangbetu, par exemple un modèle dit, de lame décalée, qui sont en fait des variantes.
L’axe bas avant de la lame est en général relativement droit mais, au moment où la lame prend sa largeur, l’axe est cassé pratiquement à angle droit.
Il se trouve décalé en suivant la forme de lame, courbe pour le type un et droite pour le type deux.
Ces couteaux sont beaucoup plus rares et recherchés par les collectionneurs.
Beaucoup d’autres variantes moins importantes sont également connues.
Comme par exemple l’apparition d’un ergot courbe en forme de gâchette de fusil (suite à la venue des fusils européens des colons), des allègements de matière sur la forme des lames, des encoches sur les lames etc…
J’appellerais celles-ci comme atypiques.
Toutes les autres armes de ce type faucille proviennent des ethnies voisines, notamment les Budu, les Makére, les Loko, les Baali, les Medje, les Popoï, les Lése, les Momvu etc.
Beaucoup ont des influences Mangbetu, et rarement le contraire.

@ll@n

 

Fiche crée par Allan et Shannon Ridel. 

Exemple décalé Type 1

Exemple décalé Type 2